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manifeste

déployer les sensibilités à l’architecture, art politique et transversal

dimanche 22 mars 2009

Le manifeste de didattica a été publié en 2009 dans l’ouvrage "Pour une action architecturale pédagogique et démocratique. Partitions dénouées d’actions pédagogiques", édité par l’association didattica, dans sa collection Architecture Institutionnelle. Il a été écrit par deux des fondatrices de l’association, Elise Macaire et Léa Longeot. Le livre est organisé en sept chapitres ouverts par le manifeste de didattica qui présente la conception de l’architecture selon didattica, notamment comme une praxis pédagogique et démocratique.
C’est en effet une étude critique de l’architecture à travers le prisme de la pédagogie, qui a conduit didattica à distinguer cinq notions associées à un art du faire, ouvrant chaque chapitre de l’ouvrage : l’art du projet, l’art de la transdisciplinarité, l’art de la construction, l’art du politique et l’art de la psychothérapie.

Dans cet article, vous trouverez un résumé de ce manifeste.

Didattica est un collectif qui travaille à la croisée de l’architecture, de l’éducation et de la démocratie, avec comme mot d’ordre "pour une prise de position de tous et de chacun dans le monde physique, social et mental".

L’architecture est, pour nous, le moyen de cette prise de position en tant que l’architecture est un art du réel, un art du politique et une expérience de l’imaginaire.
C’est un art du réel parce que c’est un art de la matérialisation, de la construction, parce que c’est un art qui crée des lieux où la rencontre est possible, parce que c’est un art du quotidien, parce que c’est un art qui a prise sur l’existence.
C’est un art du politique parce que c’est un art de l’espace public et une démarche collective, un art de la relation et de l’organisation, un art de la pédagogie.
C’est une expérience de l’imaginaire parce que c’est un travail de conception et de construction mentale, et aussi parce que c’est une expérience de l’inconscient, un travail sur les territoires existentiels qui sont vécus et psychiques.

Faire de l’architecture peut être pensé non pas du point de vue de l’architecte ou de n’importe quel professionnel patenté, mais du point de vue de l’action, avec une circulation des savoirs. Le point de vue de l’action serait d’abord de définir un « potentiel architectural » qui serait une fonction collective et non la fonction d’une profession, comme le potentiel soignant , le potentiel éducatif ou le potentiel créatif et artistique qui sont tous des potentiels qui circulent parmi les singularités de chacun.

Il n’est pas question ici de nier l’existence des métiers d’architecte, de médecin ou d’éducateur, mais plutôt de faire en sorte que leur rôle et leur statut ne soient pas des instruments de pouvoir, légitimés souvent par un capital social et culturel. En effet, même s’il existe un potentiel architectural commun à tous, il ne faut pas oublier de considérer les inégalités dues aux différences face au capital culturel et au capital social, dans la mise en pratique de cette fonction collective. Par exemple, on ne peut pas négliger le rôle de la formation et du diplôme, pour un architecte, dans la constitution de son capital social et culturel, et donc dans l’affirmation de sa position de dominant. Ainsi, pour pouvoir réaliser un travail commun égalitaire, la condition serait d’organiser des rapports de transmission et de création c’est-à-dire des rapports pédagogiques et didactiques. L’enjeu de la lutte contre les inégalités sociales et culturelles est donc, pour nous, la circulation des savoirs et la mise en question permanente des relations de domination.

Il s’agit alors de penser le métier d’architecte en termes relationnels, c’est-à-dire en termes de champ comme le propose Pierre Bourdieu, « Un champ est un champ de forces et un champ de luttes pour transformer ces rapports de forces », car « le réel est relationnel, ce qui existe dans le monde social, ce sont des relations ».
Cependant, faire de l’architecture est aujourd’hui l’affaire de ceux qui savent, les experts.
Ceux qui se revendiquent de l’expertise s’inscrivent dans une économie capitaliste qui définit le savoir comme une valeur économique et qui ainsi les met en concurrence. On va même jusqu’à définir des habitants experts, experts de l’usage, qui s’opposent par exemple, aux techniciens-experts dans cette expertise de l’usage.
Nous nous retrouvons face à une profusion d’experts, de spécialistes, qui défendent la valeur de leur propre savoir dans la course à la domination économique (d’abord le fric), sociale (la reconnaissance) et politique (le nec plus ultra). Cette course s’inscrit dans la structure capitaliste qui hiérarchise et cloisonne les savoirs.

Chaque expert se définit par son statut, c’est-à-dire sa propre place dans la hiérarchie, par son rôle, c’est-à-dire sa propre légitimité dans le travail, et par sa fonction, c’est-à-dire ce qu’il doit faire et savoir faire. Or, ce cloisonnement hiérarchisé ne parle pas de la réalité des pratiques et du travail collectif, car la pensée à l’œuvre n’a pas de frontières et les idées et les savoirs n’appartiennent à personne. Les frontières disciplinaire, culturelle et sociale sont des créations de l’esprit que la pensée passe son temps à traverser.
Dans le modèle du cloisonnement, l’enfermement dans les disciplines produit inévitablement des conflits de domination, improductifs pour l’action et la création, ils se situent dans la verticalité du système. Alors que dans le modèle des traversées, les conflits existent aussi, mais ils modifient la configuration des rapports de pouvoir, car ils se réalisent dans une horizontalité des relations, c’est-à-dire dans la rencontre, la confrontation et la négociation, ces conflits sont par conséquent producteurs de savoirs transversaux.

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