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Entre mémoire du Landy, projet architectural et Land Art

Ateliers avec les collégiens

jeudi 30 décembre 2010, par didattica

Le Jardin des fissures se situe au croisement de démarches artistique, pédagogique et civique, et mobilise tous les acteurs albertivillariens, qu’ils soient scolaires, associatifs ou citoyens sur le quartier du Landy.

Avant même la réalisation de l’œuvre, la démarche pédagogique a mobilisé deux classes de quatrième du collège Rosa Luxemburg. La professeure d’arts plastiques, Adeline Besson de l’association didattica, a entrepris une réflexion avec ses élèves sur la friche industrielle et sur le quartier du Landy.
Il s’agissait de mener un projet virtuel d’architecture et d’urbanisme sur ce terrain abandonné depuis une vingtaine d’années. Les élèves devaient proposer une réalisation ayant un impact positif sur le quartier.

Le travail a été découpé en plusieurs étapes et a été totalement dépendant de l’avancée des travaux du Jardin des fissures. Trois temps forts ont ponctué les étapes de ce travail. Le premier correspondait à des exercices qui ont permis de faire prendre conscience de l’histoire industrielle et maraîchère du quartier du Landy ainsi que de la pollution qui en résulte. Le second temps consistait à montrer le travail et la démarche de l’artiste et enfin à le situer dans l’histoire du Land’Art. Le dernier temps permettait de réaliser une proposition par groupe sous la forme d’une mise en page qui a donné lieu à un vernissage au collège.

Février-aout 2009
Découverte du lieu

En février 2009, les deux classes ont travaillé sur les plans des anciens bâtiments recueillis aux archives de la municipalité d’Aubervilliers. La professeure d’arts plastiques avait donné un plan différent à reconstituer à chaque groupe d’élèves datant du début du XXème siècle. Les plans ainsi reconstitués étaient affichés au tableau et les élèves devaient relever les produits utilisés dans les différentes entreprises qui se sont succédées sur le terrain. Une plainte de riverain de 1936, adressée à l’ancien maire d’Aubervilliers, Pierre Laval, fut également commentée et lue par un élève, exercice qui devait faire prendre conscience aux enfants que, une cinquantaine d’années auparavant, les terres maraîchères avaient cohabité avec les industries du quartier.
La question écologique était alors abordée à travers l’histoire mais aussi par rapport au contexte actuel puisque les espaces verts étaient jusqu’alors absents dans le quartier du Landy.

Rencontre avec l’artiste

En mars et en avril 2009, Jean-Paul Ganem est venu expliquer sa démarche aux deux classes. Il a expliqué sa démarche artistique qu’il a définie selon deux orientations : l’une proche de la campagne (Land Art réalisé avec les agriculteurs de Dordogne) et l’autre, plus urbaine (Land Art sur une décharge sauvage à Montréal au Canada). Les élèves ont posé toute une série de questions en rapport avec le métier d’artiste et au financement de ce type de projet. Pour la deuxième classe, l’artiste a plus insisté sur son projet au Brésil où il a transformé une partie d’une favela en jardin. Un petit film vidéo a été montré.

Cette rencontre a permis de donner un nouvel exercice aux élèves afin de situer la démarche de l’artiste à travers l’histoire du mouvement Land Art. Le travail de l’artiste américain Christo et celui de l’allemand Nils Udo devaient être comparés par les élèves afin de connaître les deux démarches qui sous-tendent le Land Art. Nils Udo, plus en phase avec les préoccupations écologiques, utilise les matériaux présents sur le terrain tandis que Christo apporte un matériau extérieur, pas toujours irréprochable d’un point de vue écologique.

Esquisse d’un projet

D’avril à début mai 2009, les élèves se sont concentrés sur leurs propositions sans contrainte de budget mais reprenant les sujets (l’histoire, le Land Art, la pollution et la situation actuelle du quartier) abordés lors des différentes séances.
Tout d’abord, ils ont travaillé de manière individuelle à partir des photographies de repérage de la friche faites par Jean Paul Ganem. Une vue de face avec une grande profondeur de champ et un plan dessiné récent ont été donnés afin de concevoir un début de proposition. Les élèves devaient intervenir avec du pastel directement sur les deux supports.
Ensuite, les élèves se sont regroupés par deux ou trois afin de choisir ou de croiser leurs propositions et de nourrir leur travail de départ.
Puis, ils ont fabriqué une maquette de leur réalisation en trois dimensions reprenant le plan donné plus haut. Ils l’ont photographiée sous plusieurs angles afin de l’associer à un texte permettant d’expliquer leur projet virtuel.
Enfin une mise en forme en salle informatique avec le documentaliste du collège a été faite en utilisant tous les supports produits lors des différentes séances de travail en classe.

Au mois de juin, une sortie avec les deux classes de quatrième au Festival International des jardins à Chaumont-sur-Loire, financée en partie par la mairie d’Aubervilliers, a permis de montrer in situ d’autres démarches que celle du Land Art.

Le 12 juin 2009, les élèves ont organisé une exposition afin de présenter dans le hall du collège leurs propositions de projets. A cette occasion, un vernissage a été organisé, réunissant les élèves et leurs parents, la communauté éducative, l’artiste, les élus, dont le maire d’Aubervilliers, ainsi que la coordinatrice du quartier du Landy et la chef de projet Rénovation Urbaine de Plaine Commune pour le secteur.

Septembre 2010

Les élèves de quatrième sont entrés en troisième. Une seule classe comprenant une majorité d’élèves ayant participé au projet a été sélectionnée pour des raisons pratiques.
A ce stade du projet, les différentes autorisations ont été données mais le financement pour la réalisation du projet n’était pas encore acquis même si le gros nettoyage sur la friche a fait apparaître la dalle de béton. Le travail de l’artiste Jean-Paul Ganem se dessine. La friche est devenu le Jardin des fissures.

Esquisse d’un projet

D’avril à juin, les élèves ont dû proposer une réalisation. Le travail des élèves s’est produit en deux temps.

La professeure d’arts plastiques a sollicité la classe autour du découpage géométrique définitif reprenant le plan des anciens bâtiments. Ce découpage divise la dalle de béton en plusieurs rectangles de tailles identiques. Les élèves, par groupe de trois, doivent proposer quelque chose de ludique, d’éducatif ou d’artistique en rapport avec le projet du Jardin des fissures à l’intérieur de ce découpage.

Dans l’intervalle des deux temps, une visite est organisée afin de découvrir pour la première fois la friche nettoyée. Les élèves prennent conscience de la surface importante du terrain et de celle dévolue à leurs réalisations.

Vers la fin du mois de juin 2010, un espace au sol très long a été réservé pour la classe de troisième sur le côté du Jardin des fissures. Les réalisations doivent se faire sur cet espace de 5 x 5 mètres à la peinture. Le professeur de technologie du collège a mené seul cette phase du projet, la professeure d’arts plastiques étant en congé maternité. Malheureusement, la partie opérationnelle et son financement ont été très tardifs et les élèves de troisième n’ont pas pu réaliser leurs travaux même s’ils ont formalisé des propositions.
Il n’y a pas eu de restitution mais les élèves ont pu participer aux semis des plantes de rocaille à l’intérieur des fissures avec l’artiste et son producteur.

Septembre-novembre 2010

Le Jardin des fissures était visible lors de la rentrée scolaire 2010-2011 puisque les semis ont été tardifs et que l’aspect du Jardin des fissures a évolué avec les saisons.
Le travail pédagogique a continué de septembre à novembre, sous forme de visites ponctuelles sur le jardin pour une dizaine de classes du collège afin de démarrer plusieurs séquences sur les graffitis et les tags présents et retravaillés par le groupe de graffeurs Chat Noir Crew sur le jardin. Ces séquences ont concerné deux niveaux soit 7 classes du collège.
Les professeurs de sciences de la vie et de la terre, français, histoire géographie, arts plastiques, anglais, physique-chimie et allemand ont été partie prenante.

Le premier niveau, celui de quatrième, s’est directement servi d’une photographie de Jean-Paul Ganem où l’on voit à la fois le jardin et un graffiti (photographie pour le carton d’invitation de la Fête de quartier de septembre).
La professeure d’arts plastiques a proposé d’intervenir directement sur la photographie en proposant une composition de graff ou de tags. L’histoire de cet art urbain a été reprise avec les élèves. La fin de la séquence a été l’occasion de montrer des œuvres d’artiste et de revenir sur la démarche du Chat Noir Crew.

Le second niveau de troisième a repris le même début de séquence que pour celui du niveau de quatrième mais la suite a pris une autre tournure.
Ils devaient produire un slogan à partir de l’histoire du Jardin des fissures ou de l’histoire du quartier.

Exemple de slogans écrits par les élèves :

La Caminade est partie en salade.

Fini les bulles bienvenue les bulbes.

Les tageurs du Landy sont partis mais le Chat Noir Crew est ici.

Des potirons, du savon mais des arbres à papillons.

Qui parle d’une savonnerie parle du Landy.

Une autre visite du Jardin des fissures a servi de support à la sixième E Développement Durable avec les professeurs de français, d’histoire-géographie et de SVT. La thématique transversale de « l’espace proche » a permis de faire un point historique et actuel sur le quartier Landy-Plaine-Marcreux-Pressensé directement sur le Jardin des fissures. Les élèves ont rempli un questionnaire tout au long de la visite. Celui-ci a été repris dans plusieurs cours par les différents professeurs.

D’autres visites d’une classe de sixième et d’une classe de cinquième bilingue allemand, qui recevaient leurs correspondants de Léna, ville jumelée avec Aubervilliers, ont permis de montrer à travers le Jardin des fissures :
• l’histoire du quartier
• les pollutions
• les bouleversements urbains
• les connaissances de base sur la nature en milieu urbain

Les autres acteurs du quartier

Le projet de jardin des fissures, dans ses aspects artistiques et pédagogiques, a été présenté aux partenaires du quartier, qui interviennent autour des différents publics habitants : l’école maternelle et le centre de loisirs maternel Doisneau, la Médiathèque Paul Eluard, le Centre de loisirs primaire Aubervacances Loisirs, le Centre d’accueil Mère Enfant (PMI), la Maison de jeunes OMJA, la Maison des pratiques de bien être et de santé du Marcreux. Il a suscité l’enthousiasme et l’envie de s’investir.

Ainsi, durant le printemps et l’été 2010, divers ateliers et activités ont été proposés et réalisés par les partenaires :
• des enfants de l’école maternelle Doisneau ont semé les fleurs de rocaille dans les petites fissures du jardin, en présence de l’artiste qui leur a présenté son œuvre. Deux classes, soit environ 35 enfants, sont venus semer.
• la médiathèque Paul Eluard a proposé une séance de bibliothèque de rue dans le jardin, à laquelle les quatre bibliothécaires ont participé pendant une après midi, en présence d’une quinzaine d’enfants.
• le Centre de loisirs maternel Doisneau et le Centre de loisirs primaire Aubervacances loisirs ont réalisé des ateliers pour fabriquer des épouvantails, qui ont été présentés lors de la fête de quartier, (environ 40 enfants du quartier).
• Cinq jeunes et une animatrice de la maison de jeunes OMJA ont réalisé, en partenariat avec l’équipe de graffeurs du Chat noir Crew, des graffs sur les murs du jardin.

L’ensemble du travail réalisé a été présenté lors de la fête de quartier, le 25 septembre 2010, qui a été le moment d’inauguration du jardin, en présence des habitants, des partenaires et des élus de la ville.

Pour la saison 2, l’objectif est d’ouvrir au maximum le jardin pendant sa période de floraison, et de permettre aux habitants de profiter de ce jardin éphémère, dans un quartier qui manque cruellement d’espaces verts.

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